Article paru dans le n°268 du Magazine « Piscines & Spas Magazine » de Décembre 2024 -Février 2025
Photos : Frédéric Delouvée . Architecte : Estaun Architectures
L’eau, la plage et le jardin se confondent et donnent à la piscine miroir une élégance et une rareté qui a son prix. Elle ravit les esthètes, elle apparaît comme un miroir posé délicatement dans le jardin ou en pleine nature… Mais son esthétique comme son fonctionnement nécessitent une construction que seuls les professionnels les plus expérimentés maîtrisent.
Principe et fonctionnement
Avec l’impression que l’eau et le sol se confondent, le niveau de la plage de piscine se situe dans le prolongement de la surface lisse de l’eau. Une eau qui « déborde » réellement du bassin et semble disparaître après sa chute, le débordement étant assuré sur l’intégralité du pourtour. Loin d’être perdue, cette eau est récupérée comme dans une installation classique avec skimmers, mais au lieu d’être immédiatement dirigée via le réseau de canalisations vers le groupe de filtration, elle est recueillie dans un réservoir par des goulottes, puis envoyée dans le système de filtration avant de revenir dans le bassin.
Ce réservoir est en effet indispensable au fonctionnement de la piscine qui doit utiliser ce volume supplémentaire pour compenser 3 types de besoins en eau : celui généré par l’entrée des baigneurs dans le bassin, celui dû au volume d’eau présent dans les goulottes et canalisations et celui émanant du volume de filtration. En les additionnant, on évalue leur total à 5 ou 10 % du volume de l’eau de la piscine. Ainsi le débordement sera assuré et la pompe ne risque aucun désamorçage par manque d’eau.
Une construction délicate
La piscine miroir nécessite une réalisation qui ne peut être confiée qu’à un professionnel averti. En effet, la chute de l’eau du bassin s’effectue sur une « arête de débordement » située au sommet de la ou des parois concernées. L’épaisseur de cette lame d’eau, à cet endroit précis, doit être comprise entre 3 mm et 8 mm et elle doit être identique en tout point du débordement. Un défaut de niveau de quelques millimètres suffirait à empêcher ou remettre en cause l’écrémage de la totalité de la surface du plan d’eau. Seule une tolérance de 1 mm par mètre linéaire est possible.
Et plus le linéaire de débordement est important plus la réalisation est délicate et ne souffre d’aucune imperfection, sous peine non seulement d’être inesthétique, mais aussi de ne pas fonctionner correctement. Autrefois réservé aux seuls bassins en béton, il est maintenant possible de réaliser une piscine miroir avec une structure préfabriquée, avec panneaux ou coffrage ou piscine coque.
Conséquence de cette construction si exigeante, le coût d’une piscine miroir est de 20 à 30% supérieur à celui d’une piscine classique. C’est le prix de la précision, de l’expertise et …..du luxe !
Des équipements spécifiques
Outre ce bac qui doit d’ailleurs être équipé d’un préfiltre, d’une bonde de fond, d’un trop plein et d’un système de remplissage automatique pour s’assurer de sa propreté et de son parfait fonctionnement, la piscine miroir requiert d’autres aménagements.
Tout d’abord un réseau de canalisations permettant une hydraulicité inversée, idéale pour assurer une circulation optimale. Il s’agit de placer les buses de refoulement en fond de parois ou de bassin pour pulser l’eau vers la surface, c’est-à-dire vers le débordement ; ensuite une pompe plus puissante que celle nécessaire à un bassin classique. En effet, la reprise d’eau sur les côtés du bassin est logiquement beaucoup plus importante que celle assurée par des skimmers.
Ensuite un régulateur de niveau est indispensable pour éviter tout dysfonctionnement du débordement. Des vannes anti-retours doivent aussi être prévues afin que l’eau de la piscine ne se vide pas en cas d’arrêt de la pompe.
Enfin si couvrir le bassin est une nécessité, les solutions esthétiques sont peu nombreuses, la meilleure étant de de choisir un volet immergé spécifique.
Un entretien simplifié
Le débordement permet « d’écrémer » la totalité du plan d’eau grâce à une reprise sur plusieurs mètres linéaires. La surface est donc très rapidement « nettoyée » et reste toujours propre, surtout lorsque l’on sait que l’essentiel de la pollution se retrouve à la surface de l’eau. Pollutions végétales ou dépôts gras dus aux nageurs, cette pollution est rapidement dirigée vers l’installation de la filtration, sa prolifération dans le bassin s’en voit considérablement limitée. La qualité de l’eau est donc sans conteste améliorée, par rapport à une reprise par skimmers.
L’excellence de l’écrémage de surface dû au débordement perdrait toutefois tout son intérêt si l’écoulement sur la lame d’eau n’était pas assez rapide et puissant, d’où l’intérêt de disposer d’une pompe puissante. Débris et salissures, faute d’être fortement « poussés » pour chuter risqueraient de rester bloquer sur l’arête du débordement.
A noter que le système d’hydraulicité inversée ne permet pas l’élimination des dépôts au fond du bassin en continu, contrairement à un système classique où la bonde de fond se charge de récolter les débris les plus lourds et de les amener vers la filtration. Le fond du bassin devra donc être régulièrement nettoyé.
Descriptif technique :
Cette piscine miroir possède une structure en béton armé isolé, recouverte d’une membrane armée 3D 200/100ème couleur ardoise. Ses dimensions sont de 15 m par 5 m avec un fond plat de 1,50 m. La filtration est réalisée grâce à un filtre à verre et la désinfection par électrolyse au sel. Notons, comme équipements, un escalier d’angle avec une banquette sur la largeur, une pompe à chaleur, un volet immergé et l’éclairage par projecteurs.