Bien filtrer et assainir l’eau

Article paru dans le n°309 du magazine Maison&Travaux.

Texte : Cédric Rognon

Bien filtrer et assainir l'eau

Ces deux actions complémentaires sont indispensables pour garantir une eau de qualité, à la fois limpide, équilibrée, désinfectée et désinfectante. Tous nos conseils pour bien choisir, des basiques aux automatismes de confort.

La recette d’une eau de piscine de bonne qualité, claire, saine et limpide, repose sur deux actions complémentaires : une filtration physique, qui assure 80 % du travail, et une désinfection chimique, d’autant plus efficace que l’eau est correctement filtrée.
La qualité de l’eau dépend essentiellement de la filtration, qui doit être choisie en fonction du volume à traiter, de l’environnement, de l’utilisation et des attentes concernant la simplicité des opérations d’entretien. Dans tous les cas, « plus vous filtrez, moins vous consommerez de produits de désinfection », rappelle le réseau de pisciniers L’Esprit Piscine. La filtration monobloc est économique et ne nécessite aucun travaux d’enfouissement de canalisations d’eau ni création de local technique. Ce groupe compact, intégrant pompe et filtre et dont la finesse de filtration varie de 6 à 50 microns, s’installe à côté du bassin. Au catalogue Desjoyaux, la poche filtrante se pose en cavalier sur la structure du bassin pour filtrer l’eau aspirée par le skimmer. Une partie est immergée, l’autre encastrée dans la plage. Le piscinier propose aussi sur le même principe un panneau filtrant encastré, plus esthétique.
Autre option, garantissant une circulation optimale de l’eau, sans zones mortes : le filtre à sable. Il s’agit de la solution la plus répandue. Tout le volume d’eau est filtré, du fond à la surface, par le cheminement à travers un réseau hydraulique enterré. La pompe et le filtre sont placés dans le local technique, mobilisant de 1 à 2 m2 au sol. Une alternative : remplacer le sable par du verre pour gagner en finesse de filtration.
Parmi les autres procédés, le filtre à cartouche propose également une grande finesse de filtration (15 à 20 microns). Parmi les avantages mis en avant par Hayward, le nettoyage au jet sans contre-lavage, réduisant la consommation en eau, et une capacité de filtration permettant de réduire l’entretien à une ou deux fois en saison. Plus rarement, on trouve aussi le filtre à diatomées à la filtration très fine, mais plus contraignant en matière de maintenance.
En complément de la filtration, l’épuisette reste très utile pour récupérer les résidus dans le fond du bassin. Pour un budget plus important, on peut lui préférer un robot programmable, dont certains modèles nettoient aussi les parois et la ligne d’eau.

 

Programmer la durée de filtration

Le traitement de l’eau de piscine est réalisé à 80 % par la seule filtration mécanique. La durée de celle-ci dépend principalement de la température du bassin. On la calcule généralement en divisant la température par deux. Pour une eau de baignade à 24 °C, il faut donc faire fonctionner la filtration pendant 12 h. Passé 28 °C, il est conseillé d’augmenter la durée de filtration : plutôt que 14 h, il est préférable de la faire fonctionner 16 à 18 h. Cette durée est entrée dans une horloge installée dans le local technique. Il faut penser à l’actualiser pour l’adapter à la température de l’eau, qui peut varier au cours de la saison. Pour gagner en confort d’utilisation, on trouve aussi sur le marché des solutions qui gèrent automatiquement la filtration en fonction de la température de l’eau.

 

Équilibre et désinfection

La filtration rend l’eau claire, mais pas forcément saine. Il faut donc compléter cette action par une désinfection. L’eau doit être équilibrée pour que ce traitement soit efficace. Trois paramètres sont à prendre en compte : le pH (potentiel d’hydrogène), le TH (titre hydrotimétrique) et le TAC (titre alcalimétrique complet), qu’il est possible d’ajuster par l’ajout de produits chimiques dans l’eau (par exemple, poudre, liquide ou granulés de « pH plus » ou « pH moins »). Le chlore est notamment très sensible au pH et globalement cinq fois moins efficace à pH 8 qu’à pH 7. Bien équilibrée, l’eau permet donc d’optimiser le dosage des produits désinfectants.

 

Entretenir les filtres au moins tous les 15 jours

Parmi les différents médias filtrants, le filtre à sable est le plus utilisé. Mais les bactéries retenues par le filtre se développent et, pour se protéger, des désinfectants forment un biofilm qu’il faut éliminer. Il suffit d’inverser le circuit de traitement d’eau pour envoyer ces impuretés à l’égout. Un manomètre indique quand le filtre est encrassé. Pendant la saison de baignade, ce nettoyage est à prévoir chaque semaine ou tous les 15 jours, en fonction de l’usage et des conditions de baignade, notamment de température. Cette opération dure seulement quelques minutes. Parmi les alternatives au filtre à sable, la filtration à verre activé entraîne un moindre développement du biofilm. Résultat : la consommation d’eau pour le nettoyage est réduite, tout comme la fréquence et le temps de lavage.

 

Automatismes et contrat d’entretien

Parmi les différents désinfectants, le chlore offre le meilleur rapport qualité-prix. On peut lui préférer le brome, plus cher, mais sans odeur. On trouve aussi l’oxygène actif, plus rarement le PolyHexaMéthylène de Biguanide (PHMB). Ces produits peuvent être ajoutés dans l’eau de différentes manières. Le plus simple est de le faire manuellement, après analyse du taux de désinfectant et de pH. Le chlore est conditionné sous forme de poudre, de comprimés ou de galets.
Pour gagner en confort d’usage et pour un montant moyen de 2 500 à 3 000 €, il est possible de mettre en place une production automatique. Placé dans le local technique, l’électrolyseur fabrique de l’acide hypochloreux à partir d’une eau légèrement salée. Une fois le sel versé dans l’eau en début de saison, ce procédé fonctionne par régénération et nécessite seulement de réajuster le taux de sel une à deux fois par an pour compenser les pertes d’eau. Son fonctionnement est généralement couplé à la filtration. La cellule de l’électrolyseur doit être remplacée tous les quatre à cinq ans en moyenne (300 à 400 €). Il est recommandé de compléter l’électrolyseur par une pompe doseuse permettant la régulation du pH. Pour monter encore engamme, il est possible d’asservir l’électrolyseur à une régulation de désinfectant qui mesure en permanence le taux de chlore dans l’eau. L’électrolyseur injecte alors automatiquement la quantité de produit nécessaire à la désinfection de la piscine, sans excès. Alternative à l’électrolyseur : l’injection de chlore liquide. La régulation automatique de chlore est un équipement électronique qui mesure le taux de chlore et/ou le pH) et qui le corrige automatiquement en injectant, via une pompe doseuse, la quantité de chlore liquide nécessaire.
Enfin, toujours plus haut de gamme, on trouve sur le marché des automatismes complets, pilotables sur place ou à distance quand ils sont connectés, pour commander tous les paramètres du bassin : du traitement de l’eau au chauffage en passant par l’éclairage. Mais ces équipements sont encore peu répandus. L’ultime montée en gamme consiste peut-être en la possibilité de souscrire un contrat de services auprès du piscinier. Certains le proposent et s’occupent alors de tout : hivernage, équilibre de l’eau, gestion des consommables… Il ne vous reste qu’à profiter des joies de la baignade.

 

Électrolyseur au sel. Des atouts, mais quelques contraintes

L’électrolyseur au sel évite l’insertion manuelle de chlore dans le bassin, sans besoin de manipuler des produits désinfectants. Mais il crée aussi un courant électrique dans l’eau. Si celui-ci se révèle sans danger pour le baigneur, « la plupart des fabricants de volets de piscine le déconseillent, car cela peut accélérer la corrosion des pièces métalliques, explique David Moreau, responsable marketing et communication de l’Esprit Piscine. L’électrolyseur a aussi tendance à faire monter le pH de l’eau, donc à la déséquilibrer ». C’est pour cette raison que le réseau de pisciniers recommande, en complément, l’installation d’une régulation de pH. Une autre solution consiste à privilégier une injection automatique de chlore liquide, également couplée à une régulation de pH.

 

David Moreau, responsable marketing et communication de l’Esprit Piscine
Le bon dosage de désinfectant
« La problématique de la désinfection de l’eau n’est pas tant le choix du produit (chlore, brome, oxygène actif ou PHMB) que celui du dosage. Si on en met trop peu, l’eau n’est pas suffisamment désinfectée ; et si on dépasse la dose nécessaire, ce n’est pas agréable, voire dangereux. Le chlore est le produit le plus répandu. C’est le plus efficace et le moins cher. L’idéal est d’opter pour une régulation automatique qui analyse les paramètres de l’eau et, en fonction d’une valeur de consigne réglée par le professionnel, injecte la quantité de produit nécessaire à la désinfection de la piscine. Cet équipement s’installe dans le local technique, avec une pompe doseuse pour l’injection du désinfectant. Une alarme alerte généralement quand il faut remplacer le bidon de produit. »