Article paru dans le magazine « Extérieurs design ». N°53. Septembre-Octobre 2016
Par Nathalie Degardin
Pour contrer les idées reçues, plus qu’un argument écologique, le concept de piscines basse consommation s’intéresse à la réduction des coûts énergétiques suscités par l’entretien d’un bassin. Et, partant, aux économies générées.
Dans ses derniers communiqués, la Fédération des professionnels de la piscine (FPP) lance une grande campagne d’information sur les piscines basse consommation auprès du public. Comme le souligne Joëlle Pulinx-Challet, déléguée générale de la FPP : « Dans l’imaginaire des consommateurs, la piscine est associée à une forte consommation d’énergie et à un fort impact sur l’environnement. Nous voulions mettre des faits sur les progrès effectués ces dernières années par les professionnels. » En partant de l’analyse des coûts engendrés par le fonctionnement d’une piscine, la commission de développement durable de la Fédération a pu constater les économies générées et a donc décidé de défendre et de promouvoir ce concept de piscine basse consommation.
GÉRER LE CHAUFFAGE DE SA PISCINE
Selon l’étude de la FPP, la consommation d’énergie pour le chauffage d’une piscine a été divisée par neuf entre 1980 et 2015 : aujourd’hui, moins d’une piscine sur trois est équipée d’un système de chauffage. Cette baisse s’explique déjà par la réduction des superficies et des volumes observée sur les constructions des dernières années, selon Joëlle Pulinx-Challet, la piscine familiale a aujourd’hui en moyenne un volume de 15 mètres cubes d’eau pour une surface de 8 mètres de long sur 4. Le recours à des couvertures isothermes, des volets roulants, voire des abris, engendre des économies car tempère le refroidissement dû à la nuit. Pour ceux qui chauffent très ponctuellement leur piscine, les réchauffeurs thermiques sont une option : moins onéreux à l’achat, ils consomment beaucoup, donc correspondent à des petits bassins et pour des utilisations très occasionnelles. Dans les systèmes de chauffage d’une piscine que l’on utilise beaucoup, en fonction de la configuration, on s’équipe d’un échangeur thermique, qui raccorde le circuit hydraulique du bassin à l’installation de chauffage de la maison. Économique, ce principe n’est cependant envisageable que si la source de chauffage n’est pas trop éloignée du bassin, pour ne pas générer d’autres coûts de fonctionnement. La pompe à chaleur est le dispositif le plus usité, et c’est un domaine qui a beaucoup évolué, notamment grâce à la technologie Inverter, qui permet une réduction de la consommation électrique et du bruit. Certains fabricants comme Hayward proposent aux clients des simulations de leur consommation et de l’impact sur l’environnement.
AGIR SUR LE TRAITEMENT DE L’EAU
Pour une bonne clarté et une eau saine, des produits de désinfection sont utilisés. Pour en éviter la surconsommation, de plus en plus, les professionnels recommandent le traitement automatisé de l’eau, qui ajuste automatiquement la quantité de produits nécessaire en fonction des analyses de l’eau du bassin. Dans un esprit plus écologique, en alternative au chlore, il existe différents traitement de l’eau, tels ceux aux U.V., ou par électrolyse du sel, mais ils restent encore onéreux et demandent toujours un grand contrôle de la qualité de l’eau. Autre incontournable, la consommation d’énergie lors de la filtration a également baissé. Selon l’étude de la FPP, elle a même été divisée par quatre entre 1980 et 2015 : alors qu’en 1980 une pompe de filtration de 2 600 W permettait de filtrer 25 m3/h pour une consommation annuelle de 5 600 kWh, en 2015, un équipement de 700 W permet de filtrer 12 m3/h pour une consommation de 1 500 kWh/an. Certes, dans l’ensemble, les volumes d’eau étant moins importants puisque la tendance est davantage à des piscines moins grandes et moins profondes que dans les années 1980, le filtrage de l’eau demande moins de puissance. Et, de manière générale, comme l’explique Joëlle Pulinx-Challet, la consommation d’énergie est liée au temps de filtration : plus on souhaite une filtration rapide, plus on utilise de la puissance. Or, pour retenir le maximum d’impuretés, il est préférable que l’eau ne passe pas trop vite à travers les filtres. La filtration est aussi conditionnée à la température de l’eau : plus une eau est chaude, plus le risque de développement de bactéries est élevé, plus la filtration sera longue. Avec les pompes à vitesse variable développées par les fabricants, on a de plus en plus recours à des pompes moins puissantes (donc qui consomment moins) qui filtreront plus longtemps. De même, dans cette optique de baisse des coûts, les professionnels cherchent à agir sur la fréquence des contre-lavages des filtres : à titre d’exemple, il existe aujourd’hui des solutions sous forme de granulés de verre recyclé et poli qui sont de bonnes alternatives au filtre à sable ou à diatomée. Plus chères à l’achat, elles proposent une filtration plus efficace, plus économique sur la durée, et elles sont plus écologiques en termes d’entretien. Envisageables, les systèmes de récupération de l’eau sont encore marginaux : techniquement, il s’agit de récupérer l’eau des contre-lavages ou des bassins, de la traiter à l’aide d’un neutralisateur de chlore, afin de l’utiliser pour laver sa voiture ou arroser le jardin. Si ce principe est bien développé pour les piscines publiques, qui ont une obligation de vider régulièrement le bassin, il reste anecdotique pour les particuliers.
DES PISTES À EXPLORER
L’utilisation des leds, moins énergivores, dans l’éclairage des piscines participe aussi de cette réduction des coûts d’énergie : selon Joëlle Pulinx-Challet, « aujourd’hui une seule led de 30 watts suffit à éclairer un bassin. Demain, ce sera 15 watts ! » Enfin, l’exploitation de l’énergie solaire est encore un marché de niche, car trop tributaire du degré d’ensoleillement, de la résolution des questions de stockage et de la conformité aux normes. Certes, il existe des solutions pour chauffer l’eau grâce à l’installation de panneaux solaires ou de « tapis » posés sur le sol de la piscine, sur la terrasse ou même sur la toiture, à proximité du bassin. Mais au-dela des questions esthétiques, certains fabricants s’y intéressent, notamment pour les petites surfaces, et il existe ainsi sur le marché tout un panel d’accessoires, des kits de pompes solaires, de douche solaire… À noter, Del a sorti cette année une première couverture à lames solaires, qui permet de gagner quelques degrés par rapport à une couverture classique. Cela dit, au-delà des économies générées par la basse consommation énergétique, pour ceux qui s’intéresseraient franchement à une démarche écologique, rappelons qu’il existe aussi des professionnels réalisant des piscines naturelles… qui ont, également, leurs avantages et leurs contraintes.